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le solstice dete

  Mero se réveille doucement, les sens encore imprégnés de l’ambiance festive qui flotte dans l’air comme une brume légère, un voile impalpable chargé de rires, de chants et de promesses. La chambre où ils ont passé la nuit est un écrin de pierre et de douceur, ses murs de pierre brute ornés de fines sculptures florales qui captent les premières lueurs du soleil. à travers les rideaux de lin, légers comme des murmures, les rayons matinaux s’infiltrent, projetant des reflets dorés qui dansent sur les parois, illuminant les détails des poutres en bois sombre qui traversent le plafond. Une brise fra?che glisse par la fenêtre entrouverte, apportant avec elle les parfums sucrés des jardins en contrebas – jasmin en fleur, roses sauvages, et une touche subtile de miel sauvage – mêlés aux effluves lointains des feux de bois qui ont crépité toute la nuit, vestiges des célébrations de la veille.

  à ses c?tés, Mandarine dort encore, sa respiration calme et régulière formant un contrepoint apaisant à l’énergie vibrante qui pulse dans l’air depuis des jours. Ses cheveux, déployés sur l’oreiller en vagues soyeuses, captent les rayons du soleil comme des fils d’or tissés par la lumière, chaque mèche scintillant avec une délicatesse presque irréelle. Son visage paisible, adouci par le sommeil, porte les échos de leurs rires partagés la veille, ces moments de joie pure où leurs voix se mêlaient aux mélodies des fl?tes et aux battements des tambours. Chaque matin passé près d’elle frappe Mero de plein fouet : elle devient plus belle à ses yeux, comme si la lumière éclatante du solstice d’été, saison de renouveau et de magie, révélait chaque jour une nouvelle facette de sa grace. Il observe les lignes délicates de ses traits, la courbe légère de ses lèvres, la fa?on dont ses paupières frémissent imperceptiblement dans son sommeil, et il sent une vague d’émotion le submerger.

  Il reste immobile un instant, laissant son regard s’attarder sur elle, captivé par la sérénité qu’elle dégage. Une chaleur douce monte en lui, un mélange complexe de désir brut – cette impulsion viscérale qui le pousse à tendre la main vers elle – et d’admiration profonde, presque sacrée, pour l’ame qu’il devine derrière ce visage endormi. Ce n’est pas seulement son corps qui l’attire, bien que sa beauté physique soit indéniable ; c’est cette aura qu’elle rayonne, une présence lumineuse qui éclaire tout autour d’elle, transformant l’ordinaire en extraordinaire. Pourtant, il refrène cette envie qui br?le en lui, fidèle à la promesse qu’ils se sont faite, un pacte tacite qui érige entre eux une barrière invisible mais tangible. Cette retenue, loin de les éloigner, intensifie chaque instant partagé : un regard devient une caresse, un sourire une déclaration muette, et cette tension douce les enveloppe comme un fil d’or.

  Mandarine ouvre soudain les yeux, et son sourire ensommeillé, encore teinté de rêves, dissipe les dernières ombres de la nuit qui s’attardaient dans les coins de la pièce. Elle se rapproche de lui avec une lenteur instinctive, ses doigts fr?lant son bras dans un geste d’une tendresse si naturelle qu’il sent son pouls s’accélérer, un battement sourd qui résonne dans sa poitrine. Ils ne parlent pas – les mots semblent superflus dans cet instant suspendu – mais l’électricité entre eux est palpable, une étincelle amplifiée par l’atmosphère de fête qui règne depuis le début du solstice. Chaque jour, cette tension douce les lie un peu plus, chaque sourire échangé, chaque effleurement accidentel tissant une toile invisible autour de leurs c?urs, un lien qui grandit dans le silence et la complicité.

  Ils se lèvent enfin, leurs gestes synchronisés dans une intimité silencieuse qui n’a pas besoin de mots pour s’exprimer. Mero observe Mandarine alors qu’elle enfile une robe légère, un tissu fluide qui épouse ses formes avec une grace naturelle, ses mouvements évoquant une danse matinale improvisée sous les rayons du soleil. Elle lui jette un regard complice, ses yeux pétillants d’une lueur espiègle, et il lui répond par un sourire, un échange muet où se lisent mille pensées inexprimées. Ensemble, ils quittent la chambre pour plonger dans l’effervescence du palais, un monde en mouvement où la fête du solstice d’été bat son plein. Les couloirs s’ouvrent devant eux comme un festival de couleurs et de vie : des guirlandes de fleurs fra?ches – jasmin aux pétales délicats, roses sauvages d’un rouge profond, chèvrefeuille aux senteurs sucrées – pendent aux arches de pierre, formant des cascades végétales qui embaument l’air d’un parfum enivrant. Des lanternes de papier peintes à la main, ornées de motifs floraux et d’oiseaux stylisés, oscillent doucement dans la brise matinale, leurs teintes encore pales sous la lumière du jour mais promettant des nuits illuminées de rouge, d’or et d’ambre. Des serviteurs passent en hate, leurs pas rapides résonnant sur les dalles polies, portant des plateaux d’argent chargés de pains dorés encore fumants, de fruits m?rs aux couleurs éclatantes – grenades éclatées, figues juteuses, raisins noirs – et de cruches de vin épicé dont les ar?mes de cannelle et de clou de girofle flottent dans l’air. Leurs voix, mêlées de rires et d’appels joyeux, ajoutent une note humaine à cette symphonie sensorielle.

  Les jours suivants s’écoulent dans un tourbillon de célébrations, chaque instant baigné dans la lumière éclatante du solstice d’été, un éclat qui semble transcender le temps lui-même. La capitale de Qit s’est métamorphosée en un tableau vivant, un kaléidoscope de couleurs, de sons et de mouvements où les traditions anciennes dansent avec les rites impériaux dans une harmonie captivante. Mero et Mandarine se laissent emporter par cette vague de liesse, leurs mains souvent entrelacées comme un ancrage dans cette folie joyeuse, un fil ténu qui les relie au milieu de la foule vibrante.

  Les rues de la ville sont bordées d’étals débordant de trésors artisanaux, des merveilles fa?onnées par des mains habiles : colliers d’argent incrustés de pierres scintillantes – améthystes violettes, turquoises d’un bleu profond – qui captent la lumière du soleil en éclats prismatiques, étoffes teintes de pourpre et d’indigo qui ondulent dans la brise comme des vagues de soie, statues de bois sculptées aux traits doux et mystérieux, leurs yeux peints semblant suivre les passants avec une curiosité silencieuse. Des musiciens errants emplissent l’air de mélodies envo?tantes, leurs tambours battant un rythme primal qui résonne dans la poitrine de Mero, un écho sauvage qui fait vibrer son sang, tandis que les fl?tes dessinent des arabesques sonores dans le vent tiède, des notes légères qui s’élèvent et retombent comme des pétales portés par la brise. Il regarde, fasciné, les danseurs qui tournoient au centre des places, leurs costumes aux couleurs vives – rouge sang, vert émeraude, or éclatant – scintillant sous le soleil, leurs mouvements fluides évoquant des esprits libérés par la fête, des silhouettes presque irréelles dans cette lumière dorée.

  Le soir venu, la célébration prend une teinte plus profonde, presque surnaturelle, comme si le monde basculait dans une dimension où le sacré et le profane s’entrelacent. Sur les grandes places, des feux de joie s’élèvent vers le ciel, leurs flammes crépitant avec une énergie sauvage, projetant des étincelles qui montent en spirales comme des étoiles tombantes. L’odeur acre du bois br?lé, mêlée aux effluves d’encens et d’herbes sacrées – sauge, cèdre, et une touche amère d’armoise – crée une fragrance mystique qui enveloppe Mero et le transporte ailleurs, un lieu où le temps semble suspendu. Il inspire profondément, laissant cette symphonie olfactive emplir ses poumons, chaque bouffée réveillant en lui une sensation primitive, presque animale. à ses c?tés, Mandarine semble tout aussi captivée, ses yeux reflétant les flammes dansantes, son visage illuminé par une lueur qui la rend encore plus belle. Les shamans, vêtus de peaux ornées de plumes éclatantes – noires comme la nuit, blanches comme la neige – commencent leurs danses autour des flammes, leurs corps se mouvant avec une intensité qui défie la gravité, chaque pas, chaque geste chargé d’une intention ancienne.

  Mero observe Mandarine dans cette lumière dansante, et son c?ur se serre d’une émotion qu’il peine à nommer, un mélange de joie, de désir et d’une tendresse infinie. Elle est plus qu’une compagne à cet instant ; elle est une flamme elle-même, un éclat de vie qui résonne avec l’énergie brute de la fête, une présence qui illumine la nuit. Chaque éclat de rire qu’elle laisse échapper, clair et léger comme une clochette, chaque regard qu’elle lui lance, chargé d’une complicité silencieuse, renforce cette certitude qu’elle est essentielle à son existence. Le désir qu’il ressent pour elle n’est pas seulement charnel – bien qu’il soit là, br?lant sous sa peau – ; c’est une fascination pour la fa?on dont elle s’épanouit dans ce chaos organisé, dont elle incarne à la fois la sérénité d’un lac immobile et la passion d’un feu ardent.

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  Dans ces moments volés, loin des foules bruyantes, ils trouvent refuge dans des jardins secrets aux allées bordées de rosiers sauvages ou sur des terrasses surplombant la ville, où les lumières des lanternes scintillent comme des étoiles tombées sur terre. Sous un ciel constellé d’astres brillants, avec le brouhaha lointain des festivités en toile de fond – un murmure de voix, de rires et de musique étouffée –, ils échangent des murmures, leurs voix basses et intimes. Mero lui confie ses espoirs, ses rêves d’un avenir où ils ne feraient qu’un, où cette tension entre eux pourrait enfin s’épanouir sans retenue, et elle l’écoute avec une intensité qui le bouleverse, ses yeux plongés dans les siens comme si elle cherchait à lire son ame. En retour, elle lui parle de ses propres pensées, de cette joie éclatante mêlée d’une pointe d’incertitude face à l’inconnu, et il sent leur lien se solidifier, pierre par pierre, dans ces instants fragiles mais précieux, des fondations posées dans le silence et la confiance.

  La semaine s’étire, et la fête évolue vers une fusion envo?tante des cultures, un mariage inattendu entre l’ancien et le moderne qui captive l’ame. Sous la lune pleine, qui brille comme un ?il bienveillant dans le ciel nocturne, projetant une lumière argentée sur la ville, les shamans dansent en cercles serrés autour des feux, leurs capes de fourrure claquant dans le vent comme des ailes, leurs plumes vibrant au rythme des tambours – un battement sourd et incessant qui semble faire trembler la terre elle-même. Leurs chants gutturaux, rauques et profonds, s’élèvent dans l’air, invoquant les esprits de la terre et du vent dans une langue oubliée, tandis que les prêtres impériaux, drapés dans des robes d’or et d’argent qui scintillent comme des étoiles, psalmodient des prières solennelles aux divinités célestes, leurs voix claires et mélodieuses contrastant avec la sauvagerie des shamans.

  Mero ressent cette dualité dans l’air même qu’il respire : une tension entre l’ancien et le nouveau, une harmonie née du contraste, comme si deux mondes opposés s’entrela?aient pour ne former qu’un. Les étoiles semblent scintiller plus fort, attirées par le spectacle en contrebas, et les flammes des feux sacrés projettent des ombres mouvantes sur les murs de pierre du palais, des formes dansantes qui évoquent des esprits oubliés. L’odeur des herbes br?lées – sauge aux notes piquantes, cèdre au parfum boisé, et quelque chose de plus sauvage, peut-être du genièvre – se mêle au parfum entêtant des fleurs fra?ches qui ornent chaque coin de la ville, des pétales éparpillés sur le sol comme une offrande à la nuit. Cette atmosphère enveloppe les sens, brouillant la frontière entre le réel et le mystique, et Mero sent une énergie subtile le traverser, une vibration qui le relie à quelque chose de plus grand.

  Les danseurs, emportés par une transe collective, bougent avec une fluidité qui semble inhumaine, leurs pieds frappant le sol en cadence avec les tambours, leurs bras s’élevant et retombant comme des vagues. Mero sent cette énergie le parcourir, une pulsation qui résonne dans ses os, et il jette un regard à Mandarine. Elle est là, à ses c?tés, les yeux brillants d’émerveillement, absorbée par le spectacle, ses lèvres légèrement entrouvertes dans une expression de fascination pure. Lorsqu’elle tourne la tête vers lui, leurs sourires se rencontrent dans une compréhension parfaite, un moment de connexion qui transcende la foule en liesse. Ces instants, au c?ur du tumulte, sont à eux seuls, une célébration intime, un refuge dans le chaos.

  Même le roi et la reine de Qit, assis sur leurs tr?nes d’ébène sculpté aux motifs de lianes entrelacées, observent la scène avec une sérénité inhabituelle, leurs visages éclairés par la lueur vacillante des torches qui projette des ombres douces sur leurs traits. Mero se surprend à penser que cette fête, avec son mélange chaotique de traditions, est un miroir de son propre c?ur : un chaos magnifique, un tourbillon d’émotions tenu par l’amour qu’il porte à Mandarine, une force qui donne un sens à chaque instant.

  Le dernier jour de la célébration arrive, chargé d’une gravité qui contraste avec l’exubérance des jours précédents, une solennité qui s’installe comme un voile sur la ville. La grande salle où se tient la cérémonie finale est un sanctuaire de pierre et de lumière, ses vo?tes hautes capturant les échos des tambours dans un murmure sourd qui semble venir des profondeurs de la terre. Des vitraux colorés, incrustés dans les murs, filtrent le soleil en rayons de rouge profond, de bleu indigo et d’or éclatant, peignant le sol de motifs mouvants qui évoquent des mosa?ques vivantes. Des tapis richement tissés, aux teintes de pourpre et de safran, amortissent les pas des participants, et des tentures de velours encadrent les murs, leurs plis lourds ajoutant une touche de chaleur à cet espace autrement austère.

  Mero et Mandarine rejoignent le cercle formé par la famille royale de Qit et l’empereur, tous assis à même le sol dans une simplicité qui surprend, loin des fastes habituels de la cour. Les visages autour d’eux, éclairés par la lueur vacillante des torches fixées aux murs, reflètent une attente silencieuse, une anticipation mêlée de recueillement. Au centre du cercle, le shaman se tient debout, une figure imposante drapée de fourrures sombres et de perles luisantes qui scintillent comme des gouttes de rosée. Ses yeux sont clos, plongés dans une concentration profonde, et ses mains, marquées par le temps et les éléments, tiennent un baton orné de plumes blanches et de pierres polies, un artefact ancien symbole de son lien avec les esprits.

  Les tambours résonnent soudain, un battement lent et hypnotique qui semble faire vibrer la terre elle-même, un pouls sourd qui s’infiltre dans les os de Mero. Le shaman entame une incantation dans la langue ancienne de Qit, ses paroles roulant comme un torrent, pleines de puissance et de mystère, chaque syllabe résonnant dans l’air comme une invocation. Mero ne comprend pas leur sens, mais il sent leur poids, comme si chaque mot appelait une présence invisible, une force qui se tient juste au-delà du visible. L’air se charge d’une énergie palpable, et un frisson parcourt son échine, un mélange d’émerveillement et de crainte respectueuse qui le cloue sur place.

  Autour de lui, les autres ferment les yeux, leurs visages empreints d’une paix profonde, comme s’ils s’abandonnaient à une vérité plus grande. Il suit leur exemple, laissant les sons l’envelopper – les tambours qui battent comme un c?ur vivant, les chants gutturaux du shaman, le souffle léger du vent qui traverse la salle par une ouverture invisible. à ses c?tés, la présence de Mandarine est une ancre, ses doigts serrant doucement les siens dans un geste qui le ramène à elle. Dans ce moment suspendu, il sent leur lien se renforcer, une communion silencieuse qui transcende les mots, un fil invisible qui les unit au-delà du rituel. Le temps s’efface, et il a l’impression de flotter dans un espace où seul existe l’instant présent, un vide paisible où leurs ames se fr?lent.

  Le shaman poursuit, ses gestes précis et empreints de révérence, chaque mouvement calculé comme une offrande aux esprits. Lorsqu’il lève les bras vers le ciel, une brise soudaine traverse la salle, caressant les visages des participants et soulevant les plumes de son manteau dans un frémissement léger. Mero ouvre les yeux et croise le regard de Ki, rayonnante de sérénité, son visage reflétant une connexion profonde avec son héritage, un héritage qu’elle porte avec une grace naturelle. Mandarine, elle aussi, est absorbée par le rituel, ses yeux brillants d’une lueur intérieure, et leur étreinte muette devient un refuge dans cette vague spirituelle qui les enveloppe.

  Le shaman prononce ses dernières paroles, et un silence lourd s’installe, chargé de sens, comme si le monde retenait son souffle. Il lève les bras une ultime fois, et la brise s’intensifie, un courant d’air frais qui soulève les cheveux de Mandarine et effleure la peau de Mero, avant de s’éteindre doucement, laissant une paix profonde dans son sillage. Lentement, les membres du cercle se relèvent, marqués par ce moment sacré, leurs mouvements lents et délibérés comme s’ils émergeaient d’un rêve. Le shaman se retire, son regard énigmatique croisant brièvement celui de Mero, laissant une empreinte dans l’air, une sensation persistante de mystère.

  C’est ainsi que se termine cette période de festivités, marquée par une union spirituelle et culturelle, une célébration du lien entre le ciel et la terre, entre les ancêtres et les vivants. Mais pour Mero et Mandarine, ce n’est que le début d’une nouvelle aventure, une autre étape dans leur voyage commun.

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